Étienne Mineur | Archives extension du domaine de la lutte ludique et graphiqueetienne@volumique.com

ré-enchanter la lecture numérique


Voici un nouvel article concernant la lecture sur support numérique. Ce texte se veut avant tout un kit de survie pour auteur désirant se lancer dans l’écriture d’œuvre à consulter sur nos nouveaux supports numériques (principalement tablette et téléphone). Actuellement, quand on parle de lecture numérique, on se focalise principalement sur la technologie et les modèles économiques
(comme j’en parlais dans un billet précédent).

Les livres numériques (sur tablette, liseuse, ordinateur, téléphone…) sont avant tout considérés comme des outils de plus en plus performants (hypertexte, outils de recherche, d’indexation, fonctionnalités, connectivité, contenance…) et comme nouveau moyen de diffusion (comment se passer de l’actuel système de distribution sans perdre trop d’argent ). On ne parle presque jamais du contenu, du texte, de la typographie, de la qualité de la lecture, et surtout le plus important, du plaisir de lire. Nous avons des outils fantastiques en termes techniques et ouvrant des possibilités presque infinies, et l’offre de lecture se réduit en général à une transposition du papier vers l’écran. Je trouve cela un peu triste, et je me propose donc (modestement) d’essayer de résumer un peu la situation et de donner quelques pistes pour l’avenir.


Avant toute chose je vais définir certains termes que je vais employer dans ce billet afin de bien clarifier ce texte un peu confus et long.

Le terme auteur recouvre à la fois les écrivains, scénaristes, designers, graphistes, ingénieurs, développeurs, illustrateur, musiciens…
En utilisant le terme de tablette j’y inclus les iPad, tablettes Androïd, Kindle, lisseuses, SmartPhones (iPhone, Samsung…)… bref tout objet portable permettant de servir de support de lecture.
Le terme téléphone, va inclure tous les SmartPhones capables de lire des textes et des applications (une fois de plus nos grands amis Apple, Samsung, Google, Microsoft et même pourquoi pas Nokia et BlackBerry).
Je sépare totalement (dans ma tête) les systèmes EPUB, pdf, Html… (générique) des applications dédiées développées en ObjectiveC, C++, C#, ActionScript… (donc dédié à un device ou système en particulier). Je ne fais aucune hiérarchie de valeur entre un texte utilisant un système de lecture générique comme l’EPUB ou une application spécifiquement développée. Ce qui m’intéresse c’est l’usage que l’on fait de ces outils.
De plus je vais essentiellement me focaliser sur les textes de fictions (pour enfant, adulte, romans, nouvelles…).


Je suis donc très étonné de la faible part donnée à l’analyse du réel plaisir de lire dans la majorité des nombreux articles et conférences concernant la lecture sur support numérique. Car honnêtement quel lecteur se soucie des possibilités de l’hypertexte, des moteurs de recherches, des pop up, des alertes, du copier coller… dans une fiction linéaire? Ces outils sont absolument nécessaires et utiles pour des chercheurs et autres étudiants, mais cela ne constitue qu’un très très faible pourcentage des lecteurs.  Nous sommes, visiblement encore à l’étape des ingénieurs et surtout des financiers mais pas encore à la prise en compte  réel du lecteur (qui est tout de même un acteur essentiel dans cette histoire). Les débats sur ce type de lecture se focalisent donc principalement sur ces aspects techniques (format de l’encodage, ouvert, fermé, DRM, pas de DRM, EPUB, HTML5, PDF, Application Androïd, iOS…) et sur les aspects économiques (prix, marge, distribution chez Amazon, Apple…). Mais je trouve qu’il serait temps de vraiment prendre en compte les nouveaux usages et les nouvelles possibilités offertes pour le lecteur et aussi et surtout pour les auteurs de ses nouveaux types de livres (mais doit-on encore parler de livre ?).

J’aime me plonger littéralement dans un livre, dans une narration, dans une histoire, dans un monde, dans un univers…
Je me pose donc une question assez simple : comment donner envie de lire une histoire sur un support électronique ?

Je tiens à préciser que cette petite réflexion est principalement axée sur la fiction. Je mets à part les textes techniques, scientifiques et pédagogiques… qui me semblent assez appropriés à une lecture par modules et sur support numérique.
Frédéric Kaplan fait la judicieuse distinction entre les applications autonomes (une application disponible par exemple sur les AppStrore d’Apple ou d’Androïd) et les textes lisibles via un site web ou un lecteur standard (le défunt Stanza, Calibre, Kindle, iBooks, Ebook Reader…). Pour résumer, nous avons les formats ePub et Pdf qui sont avant tout des fichiers ayant besoin d’un lecteur pour être lus, et à l’opposé des applications autonomes faites spécifiquement pour un système particulier (une application iPhone, Androïd…). Économiquement l’utilisation des formats pdf et epub est beaucoup plus simple et moins onéreuse mais laisse beaucoup moins de libertés aux auteurs. A vous de trouver le bon compromis!

Nous pouvons distinguer différentes possibilités et format concernant la création de « texte » sur support numérique.

Le format PDF
Le PDF, le niveau zéro du livre sur support interactif (je suis très méchant en disant cela). Il s’agit juste d’une transposition du papier vers un écran, avec tout de même la possibilité de zoomer, faire des recherches… (très pratique parfois tout de même). L’avantage du pdf étant de préserver les polices de caractères et aussi de respecter le travail de mise en page et de typographie du graphiste (dans le meilleur des cas). Les ligatures, les césures, le travail sur les approches entre les lettres et les mots sont respectés. Si ce travail typographique est bien fait, cela ne peut qu’améliorer l’expérience de lecture et sa fluidité. De plus la forme est toujours signifiante, le choix d’un caractère typographique, la largeur des marges, la position dans l’espace des mots, la taille…  ne sont jamais anodins (je ne vais pas vous faire un cours sur la typographie dans cet article). Le travail de micro-typographie ne se voit pas général , mais permet un grand confort et plaisir dans la lecture (quand ce travail est bien réalisé). On se retrouve donc avec un format très respectueux de la forme mais aussi très peu interactif.

il faut remarquer qu’Adobe accorde une licence gratuite à tous les développeurs pour implémenter les fonctions de lecture et de création de PDF dans des logiciels tiers.


Le format EPUB
Le format epub (avec sa dernière version epub3) est un format ouvert utilisant le Html5 avec les CSS… Ce format est ouvert, standard et surtout pérenne. Par contre, comme tous systèmes utilisant le HTML (langage de description de page) nous avons une séparation totale entre le contenu et la forme. Ce qui peut être très pratique pour les robots de Google (et aussi beaucoup de système d’aide à la lecture), mais en séparant la forme et le contenu, on perd énormément d’informations et donc de sens pour le lecteur. En effet, l’auteur se trouve dépossédé se la formalisation initiale qu’il a voulu donner à son texte. Pour une majorité d’auteur cela ne semble pas poser de problème. Mais pour certains textes et pour ne citer historiquement que le plus célèbre on ne peut pas imaginer Un coup de dés jamais n’abolira le hasard de Stéphane Mallarmé (1842-1898) sans sa forme. Ce texte sans sa forme initiale n’aurait plus aucun sens.  Mais l’avantage de ce genre de format est une très grande souplesse dans la modification visuelle, votre texte va s’adapter très facilement aux différents types d’écrans disponibles (téléphone, tablette,  PC, web…), par contre vous allez perdre le contrôle de la forme de votre texte (on peut tout de même grâce aux CSS donner des indications de mise en forme, mais cela demande beaucoup de travail).
Nous pouvons aussi remarquer que les dernières évolutions du format ePub (et HTML) vont vers un plus grand contrôle de la forme du texte (intégration des polices de caractères, multicolonnage…), ce qui me semble très encourageant pour l’avenir.
Et pour preuve, voici certaines possibilités de ce format montrées par le très actif et pertinent éditeur Walrus :


les jeux vidéos et les applications autonomes.
Dans les jeux vidéos, nous avons avant tout des applications autonomes. Dans ce domaine nous avons de nombreux exemples de textes interactifs (les premiers jeux en ligne furent d’ailleurs en mode texte, comme Adventure) et voici un extrait d’un des meilleurs jeux contemporains utilisant du texte (la typographie est sommaire, mais le rythme et les choix sont parfaitement bien gérés) : Phoenix Wright de Capcom. Dans le domaine du jeu, la liberté est très grande, par contre cela demande beaucoup de temps, de compétences et donc d’argent.

Les livres augmentés
Nous avons aussi les livres que l’on pourrait qualifier de livre augmenté : comme The Survivors, d’Amanda Havard. Le livre comporte 300 points tactiles, qui permettent d’accéder à 500 fenêtres de contenu interactif insérées dans les pages du livre via des zones sensibles… bref une avalanche d’informations toujours accessible au moindre clic.

Cela me rappelle furieusement les tentatives sur CD-Rom des années quatre-vingt-dix, qui furent tout de même assez décevantes (j’y ai participé!), car on privilégiait une fois de plus l’innovation technologique (capacité, interactivité et outils de recherches et non pas l’innovation d’un point de vue narratif ). Je caricature car il y a eut tout de même de très beaux projets comme l’alphabet d’après le livre de Kveta Pacovska et même un Sigmund Freud auquel j’ai pu participer. On augmente, on ajoute uniquement des fonctionnalités techniques à un contenu linéaire et classique, mais on ne remet pas en cause le système de narration.

Des livres pensés comme des œuvres audio-visuelles
Nous avons récemment pu découvrir des propositions intéressantes comme l’homme volcan de Mathias Malzieu co-édité par Flammarion et Actialuna. Nous retrouvons un texte linéaire, mais pensé pour une lecture sur tablette (gestion de l’animation et du son). Le texte de ce «livre» est assez déprimant (c’est tout de même l’histoire d’un enfant mort brûlé vif!), mais cela ouvre de nouvelles pistes de collaboration intéressante entre l’image, l’animation, le son et le texte.

Voici une proposition de la part d’IDEO, surtout la version Alice (merci Maïa), qui me semble la plus novatrice, mais ressemble beaucoup à un jeu d’aventure classique dans son principe.

Une autre direction intéressante semble la mise en scène audiovisuelle de texte avec comme exemples récents : The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore moonbotstudios et aussi des livres comme Cendrillon de Nosy Crow (une sorte de dessin animé interactif) et plus récemment la très belle application la sorcière sans nom de l’éditeur Slim Cricket.
Ces «livres» sont très impressionnants visuellement, mais très vite on ne lit plus (surtout les enfants), on regarde plutôt un très beau dessin animé entrecoupé de texte. Se développe actuellement beaucoup de « livre » pour enfant de ce genre, utilisant des moteurs d’animations 2D temps réel très efficaces (on peut retrouver ce genre de moteur 2D chez UbiSoft par exemple avec le magnifique jeu Rayman Origin’s).

Voici un exemple de ce que donne en vidéo The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore.

Afin de résumer un peu les différentes possibilités liées aux types de langages et d’outils à notre disposition, je vous propose cette image.

L’écran devient mobile, devient tactile, multiTouch, sensible à la lumière , sensible aux changements de vitesse, sensible à l’humidité, sensible au nord et au sud, peut vous écouter, peut vous voir…
Sachant qu’un nouveau rapport s’est engagé entre le lecteur et son écran, peut-on imaginer des œuvres utilisant réellement les nouvelles possibilités offertes par le numérique ?


Il nous faudrait une Tabula rasa de la lecture numérique. Imaginons des systèmes plus simples, avec une mise en page classique, sans interface omniprésente et mettant avant tout le plaisir de lire… mais où le texte change dans son contenu, dans son articulation suivant différents types de paramètres pertinents et signifiants pour l’auteur du texte et son lecteur. Il faudrait imaginer des textes que l’on pourrait qualifier de comportementaux, et non plus écrire un texte linéaire et figé, qui serait le même quelque soit son support de lecture (écran, téléphone, livre, télé…). Le texte, malgré une apparence et un usage classique (lecture linéaire) aurait la particularité d’être dynamique. Le texte lui-même serait en mouvement et non pas uniquement son interface. Il faut savoir que nos téléphones et tablettes sont équipés de nombreux capteurs et possibilités de communications (gyroscope, boussole, infrarouge, wifi, bluetooth, accéléromètre, GPS, appareil photo…), cela devrait pouvoir engendrer de nouveaux usages de lectures.


L’auteur va devoir créer des univers, avec ses règles et ses comportements, arriver à ne plus penser son texte comme un monolithe linéaire et immuable, mais au contraire comme un objet vivant, comme un code génétique prenant son envol au moment même de la lecture du texte par son lecteur ? Arriver à accepter l’aléatoire, des événements incontrôlé, l’ingérence du lecteur dans son œuvre. Attention, il y a toujours un auteur, il ne s’agit pas d’une nouvelle œuvre collaborative que l’auteur partage avec le lecteur, l’auteur est bien le maître et le garant de l’expérience proposée, mais tout comme un développeur informatique (qui travaille lui aussi avec le texte – le code), va proposer une expérience, un univers et c’est le lecteur – joueur qui va dérouler l’histoire au cours du temps. Nous pouvons aussi rapprocher ce type d’écriture à celle que l’on retrouve dans la création d’univers et de scénario dans le monde du jeu de rôle. En effet un auteur de jeu de rôle, anticipe et accepte totalement le fait que les joueurs vont s’emparer de son histoire et la transformer à leur guise, mais tout en restant dans l’univers proposé.

Actuellement quand vous lisez sur votre tablette ou votre téléphone, voici ce que peut connaître le «livre» que vous lisez (liste non exhaustive et à joyeusement compléter) :

Dans cette image, j’ai donc divisé en trois étapes le processus :
1 les données en entrée (analogique et numérique) | 2 le calcul par le processeur et l’utilisation de sa mémoire | 3 les interfaces de sorties (écran, son…).

 


Voici quelques idées d’utilisations des possibilités techniques de ces nouveaux supports :

  • • Votre carnet d’adresse est lisible (on peut utiliser les noms de vos contacts dans un roman)
  • • Vos photos (on peut mélanger dans les illustrations du livre vos photos personnelles)…
  • • Les données de géolocalisations, on peut donc connaître par exemple le nom du restaurant le plus proche du lecteur au moment de sa lecture (nous pourrions inclure les noms des lieux les plus proches du lecteur dans le texte du roman dynamique).
  • • votre position dans l’espace, suivant l’inclinaison de la tablette nous pouvons savoir si vous êtes debout ou couché.
  • • votre vitesse de déplacement (le texte change si vous êtes chez vous, dans le métro ou dans un TGV).
  • • l’état de votre batterie (imaginez un texte s’adaptant au niveau de votre batterie, avec un suspens incroyable…)
  • • Le contenu de vos mails (nous pourrions injecter certains de vos mails dans la narration), on peut ainsi aussi analyser votre vocabulaire…
  • • Votre musique (avec les noms de l’artiste, les playlists…)
  • • Vos podcasts (audio, vidéo)
  • • Vos contacts favoris, vos derniers SMS envoyés, vos vidéos… Tout ce qui se trouve sur votre iTunes (Playlist, clips, podcast…)
  • • Toutes vos infos FaceBook, Google+…  alors là c’est la fête 😉
  • • Vos flux RSS et Twitter
  • • et aussi toutes les autres infos dispos sur le web (flux RSS, l’actualité comme la météo, les cours de la bourse, l’AFP, Open Data… qui entrainent une richesse infinie.


Les possibilités typographiques

  • • Dans ce domaine aussi les possibilités sont infinies, on peut changer la taille des caractères, les interlettrages, interlignage, la couleur, la graisse, la police de caractère, la netteté, la finesse… suivant le moment d’utilisation (toujours contrôlé par l’auteur).
  • • En secouant son livre les caractères deviennent plus gros. Ils tombent, seul les verbes restent sur l’écran. On change le texte en le secouant…

la gestion du temps

  • • Suivant l’heure de la lecture, le fond de l’écran se noirci et les caractères deviennent plus clairs (lecture de nuit)…
  • • le livre ne vous attends pas, si vous prenez trop de temps dans votre lecture, les personnages du livre vont aller plus vite que vous et vous allez les rater, le texte soudain se lit à l’imparfait (très stressant à mon avis).
  • • Dans un temps limité on peut lire un texte, après cela il s’efface définitivement (jouer sur le temps est à mon avis un principe qui va nous rapprocher des mécanismes très riches du cinéma).
  • • Si le lecteur revient en arrière dans le texte, le texte change (un peu comme un souvenir qui se modifie progressivement avec le temps). Vous retournez lire un chapitre, et les dialogues entre les personnages ne sont plus les mêmes, ils se souviennent déjà avoir joué cette scène…
  • • Nous pourrions faire un livre infini bouclant sur lui-même (il change progressivement au cours de sa relecture, de nouveaux événements se produisent, des personnages disparaissent..), comme regarder un film via une autre caméra ou un montage différent…
  • • Le texte peut disparaître, sur la page les premières lignes disparaissent au rythme de la lecture, un peu comme un vague qui efface un château de sable sur une plage, ou un coucher de soleil sur la page. La nuit tombe progressivement sur la page…

La gestion du son

  • • Le livre peut vous parler, un dialogue peut s’instaurer entre un personnage en mode texte et un autre en mode « son » (le lecteur se retrouve en mode spectateur),
  • • vous pouvez entendre le livre penser (suivant ce que vous êtes en train de lire, suivant votre rapidité de lecture, suivant l’heure de lecture…),
  • • le livre peut commenter votre lecture sur un ton sarcastique (il peut aussi vous encourager).
  • • Le son d’ambiance (design sonore d’un livre!)
  • • nous pourrions mettre un peu d’humour dans le fait de tourner virtuellement la page. À Chaque fois que la lecture change de page ou de chapitre un nouveau son vient ponctuer cette action.
  • • On peut souffler ou parler dans un micro afin de faire accélérer ou changer le cours de l’histoire par exemple.
  • • Nous pouvons aussi nous pencher sur la reconnaissance sonore, le système peut assez facilement reconnaitre certains mots et certaines phrases que vous pourriez dire.
  • • On pourrait donc imaginer un texte réagissant aux chuchotement de son lecteur…

la position du livre dans l’espace

  • • Il faut orienter la boussole de la tablette dans le bon sens (le nord…) afin de changer le texte ou orienter le texte.
  • • Afin de faire apparaître un texte il faut orienter dans l’espace (gyroscope) la tablette dans le bon sens (suivant un angle prédéfini…).
  • • Le livre peut demander à se faire retourner, afin de continuer l’histoire… Si vous ne le faite pas, le livre peut bouder (il ne réagit plus pendant les vingt prochaines minutes) ou râler (il vibre)…
  • • le livre peut se mettre en colère et vous efface au hasard certain de vos amis dans votre carnet d’adresse (c’est très méchant;-)
  • • On peut retourner l’écran, et seul par exemple, les verbes restent à l’endroit, ou certains noms…
  • • Suivant la position dans l’espace (gyroscope + boussole) de son livre le texte devient plus ou moins lisible ou se modifie.
  • • On peut connaître votre rythme cardiaque (en posant simplement son doigt sur la caméra et le flash du téléphone, Heart Fitness est une application de ce type),
  • • on peut deviner à quel moment vous aller vous endormir (suivant vos mouvements et votre position)… bref on peut presque tout connaitre de vous, de vos usages, de vos habitudes, de vos amis…

Il ne faut pas considérer cette liste un peu bizarre de possibilités comme une suite de petits gadgets, mais au contraire bien les comprendre et les analyser afin de les utiliser à bon escient. Jamais un « livre » n’a pu savoir autant de chose sur son lecteur, à nous d’en faire quelque chose de pertinent.

Comme nous pouvons le voir cette liste est presque infinie et nous pouvons donc imaginer de nombreuses fictions se nourrissant elles-mêmes des données rendues disponibles par le lecteur, comme sa géolocalisation, ses contacts, ses mails, ses SMS, le nom de ses amis… À cela se rajoute aussi les données publiques comme l’heure, la météo, les flux d’actualités, les embouteillages, les données publiques …

Nous pourrions avoir un roman s’adaptant à la qualité de l’air ambiant du lecteur (en se connectant par exemple sur le site www.airparif.asso.fr). L’idée n’étant pas d’avoir peur de divulguer certaines de ses données personnelles, mais au contraire de les utiliser d’une manière créative.
Il faut arriver à bien comprendre et anticiper ces outils technologiques afin de les utiliser pour son usage personnel. On se retrouve donc avec une démarche de hacking (utiliser et détourner la technologie à des fins différentes à ce pourquoi elle était prévue), nos auteurs doivent devenir des hackers.

Voilà, nous pourrions continuer de parler presque indéfiniment des possibilités offertes par le numérique. Dorénavant la question est de savoir qui va créer des histoires, fictions… intéressantes, signifiantes et passionnantes avec ces possibilités offertes par la technologie?

Ces nouveaux livres sont vivants, il faut changer la manière de penser les livres, il ne faut plus penser en terme de pages fixes, d’objet inertes, de livre fini… mais d’êtres doués de sensibilités et de mémoires.

Amis auteurs on vous attend avec impatience !

Quelques liens intéressants sur ce sujet :
–>  http://www.objetslivres.fr/
–> voici une liste des éditeurs francophones travaillant dans ce domaine.
–> http://www.publie.net/avec notamment le livre de Jean-Jacques Birgé la corde à linge
–> www.walrus-books.com/
–> numerikbook
–>www.actialuna.com
–> www.ebouquin.fr
–> lafeuille.blog.lemonde.fr/
–> aldus2006.typepad.fr/mon_weblog/
–> exporter un EPUB via Indesign
–> comment créer un EPUB par le grand Korben.
–> un frameWork (bakerframework) permettant de crérer des « livres » en HTML 5

ps : je parlerai dans un prochain billet, des livres utilisant à la fois l’objet physique et application numérique (je commence à bien cerner les possibilités avec Volumiques).

21 Responses to ré-enchanter la lecture numérique

  1. Chris Simon says:

    merci pour ce point. Je suis bien d’accord avec vous. La technologie peut inspirer de nouvelles oeuvres et en tant qu’auteur j’y travaille. J’ai déjà publié deux propositions qui vont dans ce sens.
    1. La Bouche : exploration littéraire collective http://www.lacauselitteraire.fr/la-bouche-intro-et-texte-1.html
    publiée chaque semaine.
    2. Ma mère est une fiction : de l’éclatement du récit pour la conquête d’une biographie impossible publié chez Publienet : http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506954/ma-mere-est-une-fiction
    que je vous invite à lire, j’y questionne la structure narrative. Car justement ce qui m’intéresse dans l’ebook c’est d’inventer d’autre formes littéraires, de métamorphoser l’objet littéraire !
    Das ce domaine,je ne suis pas la seule, chez Publie.net on popose de nouvelles écritures… Si vous avez des questions n’hésitez pas à me contacter. excellente journée à vous ¡

  2. Pingback: Revue de presse sur le Design interactif #6 | Wif 2012 Fr

  3. Et encore un article concernant la lecture numérique, mais une fois de plus on ne parle jamais du contenu, mais de la diffusion, de l’argent!!!!!!!! : http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/11/09/devenir-ecrivain-uniquement-sur-ebook-pas-encore-tendance-mais-236864

  4. Luc Prévost says:

    Impressionnant!

  5. Bonjour Etienne,
    Merci pour cet article ! A mon sens, il manque une catégorie de livres, celle des livres immersifs qui respectent le texte et l’acte de lire mais qui ajoute une petite dimension supplémentaire à la lecture. Car la force d’un livre, on ne redira jamais assez, c’est d’abord la force des mots et d’une histoire. Dans le monde du livre numérique Jeunesse, j’ai l’impression que la réflexion est plus avancée qu’ailleurs.
    Les expérimentations y sont très riches.
    Deux exemples de livres qui sont actuellement intéressants en la matière :
    – Le conte du haut de mon crâne fait partie de la catégorie des beaux livres, à lire ou bien à écouter : la sonorisation de qualité donne envie de se laisser porter. C’est d’abord un texte fort porté par le visuel et les animations pensées au fil de la lecture. Et surtout c’est un livre qui impose son propre rythme, une lenteur étonnante en matière de lecture numérique. http://www.souris-grise.fr/conte-du-haut-de-mon-crane-bienvenue-en-litterature-numerique-jeunesse/
    Par ailleurs, la version revisitée du Voyage au centre de la terre par la jeune équipe de l’Apprimerie est un exemple très intéressant, sans voix parlée. On lit et en même temps on expérimente l’histoire que l’on est en train de lire : http://www.souris-grise.fr/voyage-au-centre-de-la-terre-et-au-coeur-de-la-lecture/
    Laure.

  6. hugo says:

    J’aurais voulu lire ce texte mais je n’ai pas pu. Cette page, par sa forme et sa technique, est l’antithèse de ce que vous défendez.

    J’imagine que ce texte parle de confort de lecture, et pourtant cette page est presque illisible :
    Le texte est beaucoup trop petit : il est en 12 px, il devrait être en 15, voir 16 px;
    Le chapeau est beaucoup trop large : 165 signes par ligne, c’est beaucoup trop.
    C’est la base !

    Je ne parle pour le moment que de règles de typographie élémentaires, celles qui existe depuis des siècles.
    Cette page n’est même pas compatible avec les outils de lecture modernes : pas de “responsive design”, et une incompatibilité avec les applications de lecture (comme le génial Pocket, est-ce dû au manque de la balise ?)

    Sinon, j’aimais beaucoup vos articles quand je pouvais les lire !

  7. Pingback: « Mon musée imaginaire » de Paul Veyne : une version numérique plus riche et moins chère

  8. Pingback: « Mon musée imaginaire » de Paul Veyne : une version numérique plus riche et moins chère

  9. Pingback: Vers le papier interactif – Ressources | Urban Expé

  10. Salut, bravo pour votre article très remarquable! Je suis de bordeaux et je suis intéressé par ce sujet. Grâce à votre blog que je viens découvrir au hasard d’un surf, je vais en apprendre davantage. Amicalement.

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  14. Philbert says:

    Il faut des gens comme vous pour écrire cela

  15. Pingback: Hybridation entre savoir-faire numérique et traditionnel | Cross Border Living Labs - C2L3Play

  16. Mary Rose says:

    Nous pouvons aussi nous pencher sur la reconnaissance sonore, le système peut assez facilement reconnaitre certains mots et certaines phrases que vous pourriez dire. interior renovation

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    Les livres numériques sont de plus en plus populaires à Victoria en Colombie-Britannique pour plusieurs raisons.

    Premièrement, la technologie des livres numériques s’est considérablement améliorée au fil des ans, ce qui a rendu la lecture numérique plus confortable et pratique. Les lecteurs peuvent désormais accéder à des livres numériques sur une variété de dispositifs, tels que les liseuses, les tablettes, les smartphones et les ordinateurs portables, ce qui leur permet de lire à tout moment et n’importe où.

    Deuxièmement, les livres numériques sont souvent moins chers que les livres imprimés, ce qui peut être un facteur important pour de nombreux lecteurs. Les lecteurs peuvent également accéder à des livres numériques gratuitement ou à un coût très réduit en utilisant des bibliothèques numériques.

    Troisièmement, la pandémie de COVID-19 a accru la demande pour les livres numériques en raison des fermetures de librairies et de la nécessité de maintenir la distanciation sociale. Les lecteurs ont donc cherché des moyens alternatifs pour accéder aux livres, ce qui a stimulé la demande pour les livres numériques.

    Enfin, les livres numériques offrent également des avantages environnementaux en réduisant la quantité de papier utilisé pour imprimer des livres. Les lecteurs peuvent ainsi contribuer à la réduction de l’impact environnemental de l’industrie du livre.

    En résumé, les livres numériques sont de plus en plus populaires à Victoria en raison de l’amélioration de la technologie, des coûts réduits, de la pandémie de COVID-19 et des avantages environnementaux qu’ils offrent

    Mais Dieu merci, mes nettoyeurs de vitres (https://www.windowcleanersvictoria.com/) ne sont pas en train de lire des appareils numériques pendant qu’ils nettoient mes vitres. Ils ont un beau look!

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