Je viens juste de tomber sur un article dans Libération sur le phénomène du P2P lié aux séries américaines. Je ne vous apprends rien en vous disant que beaucoup de gens en France (et le reste de l'Europe, je suppose) suivent les grandes séries américaines (24 heures, Lost, Alias, Six feet under ...) avec un décalage d'une journée (le temps d'encoder, uploader, partager, écrire les sous-titres ...) grâce à bitorrent et ses amis.
Prenons l'exemple de la série 24 heures (presque par hazard;-), vous pouvez, en France, acheter en ce moment la série 2 en DVD pour 100 euros :-(, et Canal+ doit à peine commencer à diffuser la saison 3, alors que la saison 4 vient de finir aux États Unis (et donc disponible sur les réseaux P2P).
Je ne vois pas comment les diffuseurs Européens peuvent lutter contre deux ans de retard. Ils vont devoir radicalement changer leur politique de diffusion, un peu comme au cinéma, ou dorénavant les "blockBusters" américains sortent le même jour mondialement. Cela n'évitera pas sa diffusion sur les P2P mais permet de limiter les dégâts et surtout de ne pas frustrer le public Européen. En effet, un des ressorts du téléchargement est lié à la frustration; "je ne vois pas pourquoi le public américain aurait droit à ce film, cette série, ce jeu, ce CD ... six mois avant moi". Il faut bien sûr rajouter à cela un certain snobisme; "quoi ! tu ne sais pas que dans la saison 4, Jack Bauer ...".

Petite remarque sur le cinéma asiatique : les "blockBusters" asiatiques, sortent en Europe (quand ils sortent) en général un an après sa sortie en Asie. Par exemple "Kung Fu Hustle" de Stephen Chow (bizarrement en Français "Crazy Kung Fu") est disponible en DVD dans certaines boutiques spécialisées depuis plus de six mois à Paris. Là encore il va falloir faire des efforts au niveau de la diffusion.

La vraie télé interactive
Le petit monde de l'audiovisuel européen, n'a pas l'air de bien comprendre ce phénomène : un PC branché sur votre Télé, l'ADSL et hop vous vous concoctez votre propre programme personnalisé sans publicités (la voici enfin la Télé interactive :-)
Les diffuseurs européens doivent réagir très vite, non pas en faisant des procès aux internautes, mais au contraire en proposant rapidement des systèmes de téléchargement facile, compatible (et éviter le mauvais exemple du MP3, AAC... et des différents formats propriétaires qui ne font que rendre encore plus opaque et compliqué la gestion des fichiers musicaux pour l'internaute honnête") et payant aux utilisateurs. Personnellement je serai prêt à payer 2 euros par épisode de "24 heures" (ce qui nous donne en gros 50 Euros pour la saison complète, à ce prix je pense que tout le monde est gagnant ; le diffuseur et le téléspectateur), si je pouvais l'avoir de suite sur mon disque dur le jour même de sa diffusion aux USA.

Des réponses à ce problème
Une des solutions serait peut-être de regarder les réponses apportées dans le monde des jeux vidéo. Cette industrie a toujours été très novatrice dans les moyens utilisés pour la distribution, la vente et donc la lutte contre le piratage
Historiquement c'est ID Software qui a commencé une distribution très originale et courageuse d'un de ses premiers jeux "Wolfenstein 3D" en 1992. En effet ils ont distribué gratuitement (shareware) le jeu sur disquette avec les trois premiers niveaux libres d'accès. À la fin de ces trois niveaux un numéro de téléphone vous permettez de déverrouiller la suite du jeu, moyennant paiement.
Actuellement, nous avons Valve software, avec son "steam" permettant de tester puis d'acheter les jeux en ligne. Il existe aussi des sites plus généralistes comme www.fileplanet.com permettant d'acheter les jeux et de les télécharger directement sur sa machine avec la technologie "direct2drive".
L'industrie du jeu, développe aussi beaucoup les jeux en ligne et plus particulièrement les MMORPG (pour les plus riches ;-). Bien sûr ce nouveau genre de jeu est fascinant à de nombreux titres, sociologique, game play, fun, réseau ... mais c'est surtout pour les éditeurs de ces jeux un système de lutte contre le piratage très efficaces. En effet, pirater un MMORPG est possible, mais très contraignants avec de plus un risque de voir votre personnage (et votre compte) disparaître à tout jamais des serveurs de chez Blizzard par exemple. Bref le jeu n'en vaut pas la chandelle, et les joueurs préfèrent payer 10 euros par mois et être tranquille, que de passer des heures et des jours à tenter de contourner les protections des systèmes de ces sociétés éditrices.

ps : la citation "je ne vais pas attendre deux ans quand même !", est celle de mon loueur de dvd vidéo favori (une profession qui a vraiment des soucis à se faire dans le futur) en train de regarder sur les télés de son vidéo club la saison 4 de 24 heures Chrono. Je lui demande si c'était la saison 2 (qu'il loue) et il me dit que non c'est la saison 4 qu'il télécharge sur le net et rajoute pour se justifier "je ne vais pas attendre deux ans quand même !".