le point sur les papiers électroniques
Par Étienne, mercredi 1 août 2007 :: design numérique :: #826 :: rss
Je me penche en ce moment sur l'évolution des livres électroniques et une certaine confusion existe dans les différents articles et discussions que j'ai pu lire ou avoir. En effet, entre livre électronique, papier électronique, livre interactif, eBook… une certaine confusion s'est installée dans l'esprit du public (moi le premier). Il faut bien différencier la technologie, permettant aussi bien de faire des écrans de téléphones portables, des écrans d'ordinateurs, des ebooks mais aussi des vêtements, des bijoux, des panneaux publicitaires… que son application dans le domaine du livre.
Historiquement, le premier papier électronique, le Gyricon, a été développé dans les années soixante-dix par Nick Sheridon au Palo Alto Research Center de Xerox. Ce "papier" était constitué de sphères divisées en deux parties : une demi-sphère noire chargée négativement, et une demi-sphère blanche chargée positivement. Suivant la polarité les sphères pouvaient effectuer une rotation et donc afficher des points blancs ou noirs.
Il est vraiment assez étonnant de voir que trente ans auparavant au Palo Alto Research Center de Xerox s'est développé autant de technologies (interface utilisateur, le postcript, les langages objets, papier électronique…) ayant bouleversé notre quotidien.
Nous avons pu voir à la fin des années quatre-vingt-dix les premiers modèles de livre électronique pour le grand public comme le Rocket eBook (1999), le Softbook Reader, le Cybook (2001) et les modèles de Gemstar eBook (2000).
Mais ce fut un échec commercial, en effet le eBook a son lancement avait une offre trop restreinte, pas assez de documents à télécharger. Les éditeurs traditionnels ayant eu peur du piratage (entre autres) ont obligé la plupart des protagonistes à utiliser des systèmes propriétaires et fermés (donc problème de compatibilité…). Comme d’habitude c’est une offre insuffisante qui fut à l’origine de l’échec. On retrouve cette même logique sur le marché des consoles de jeux vidéos (Dreamcast…), des ordinateurs (exemple du Next), des magnétoscopes (VHS face au Betamax) et actuellement le DVD HD contre le Blue Ray. Sans offre conséquente, c'est la mort assurée de la technologie, aussi géniale soit elle. En effet, à part une franche très restreinte de Geeks, fans de gadgets et de hardware High Tech, les gens achètent un lecteur pour lire quelque chose. Cela paraît logique, mais pour ce genre de nouveauté on tombe toujours sur l’éternel problème de l’œuf et la poule, qui doit commencer, le hardware ou le software ? Comment arriver à persuader les gens du contenu (des auteurs aux éditeurs) de développer pour un nouveau système sans prendre trop de risque ?
Vous trouverez à cette adresse une très bonne analyse d’Élodie Ressouches sur l'échec des premiers eBooks au début des années 2000.
Presque cinq ans plus tard, ça recommence. Nous avons de nouvelles annonces, Sony, Philips, bientôt Amazon… se lancent dans l'aventure.
Voici un petit l'état des lieux en 2007.
• les technologies :
http://www.eink.com/
http://fr.wikipedia.org/
Polymer Vision de Philips.
Une société française, Nemoptic fabriquant des papiers électroniques.
• le Hardware :
Le Sony Reader et aussi un lien direct vers Sony.
L'iLiad d'iRex Technologies (avec Philips)
le Cybook de Bookeen.
et bien sûr n'importe quel PDA, Smart Phone, Ipod ou ordinateur, voir console de jeux.
Il faut aussi noter Le MotoFone de Motorola (téléphone avec un écran utlisant la technologie E InK).
• le Software :
la galaxie Adobe avec ses formats .pdf, .epub et .etd qui sont en fait tous basés sur le PDF et Flash.
Adobe digitaleditions
Adobe Acrobat
Adobe Reader
Mobipocket
Il faut aussi noter le défunt Macromedia Flash e-paper, racheté par Adobe.
• liens et exemples de contenu à télécharger
exemples de livres électroniques chez Adobe.
le test du e paper des Echos
le site des Echos concernant la version e-paper.
Le site de MobiPocket (Amazon).
Pour l'instant l'offre se contente d'une transposition du livre papier sur un support électronique (écran ou papier électronique), on continue de tourner des pages (mêmes virtuelles). On ne se sert pas des possibilités interactives (ou si peu), pourtant développées depuis de nombreuses années dans différents domaines comme le jeux vidéos, l'interface utilisateur, les PDA, les téléphones, les mails, le Web, les blogs, le web collaboratif…
J'ai l'impression que l'on se retrouve au moment de l'invention du cinéma, les films n'étaient encore que des pièces de théâtres enregistrées, il faudrait un Mélies pour prouver au monde les possibilités de ce nouveau support.
Actuellement l'eBook n'est qu'un écran avec un petit PC derrière. Quelles différences avec un tablet PC, un I Phone d'Apple ou même une console DS de Nintendo ?
Les différents constructeurs nous présentent des objets de plus en plus fin, mais honnêtement vous vous voyez acheter encore un objet électronique, qu'il va falloir recharger régulièrement à votre prise électrique. Dans mon sac va donc se rajouter à mon téléphone portable, mon appareil photo, mon PowerBook et ma console DS un nouvel objet. Le gros problème c'est que ces ebooks vont faire en gros la même chose que mon PowerBook (en moins bien!) ou mon PDA, nous avons juste le rendu de l'écran qui va différer (les eBooks ayant des écrans/papiers mats).
Contrairement aux imprimantes 3D dont je parlais hier, l’eBook n’apporte pas fondamentalement de grande nouveauté, juste une amélioration et un confort de lecture (et encore).
J'étais au Japon récemment (j'adore écrire cette phrase-) et je peux vous dire que les Japonais dans le métro n'ont pas besoin d'eBook pour lire des textes, regarder des mangas, tchatter, jouer ou trouver l'horaire de leur prochain train. Ils utilisent leur téléphone.
L'ebook va surement trouver son marché dans des niches professionnelles, comme des architectes voulant vérifier sur place des plans, des techniciens utilisant des bases de données techniques n'importe où dans le monde ou des étudiants ne voulant pas transporter des tonnes de livres tous les jours en classe…
C’est aussi une énorme économie de papier pour les documents volumineux, les documentations techniques ou les annuaires (mais qui sont déjà disponibles en ligne avec un ordinateur classique).
Par contre, si les constructeurs (et les chercheurs) arrivent à nous fabriquer une feuille en papier électronique, tactile, pliable, sonore, connectée sans fil, très réactive et en couleur (ça fait beaucoup je sais;-), là, nous pourrions avoir de nouveaux usages, de nouvelles applications originales… sur ce support. Nous pourrions, par exemple, faire des livres (avec de nombreuses pages et une reliure) pour enfants assez extraordinaires, mélangeant histoire, illustration et interactivité sur un support papier. Faire des Pop Up en papier électronique, inventer des histoires collaboratives, interactives, sonores et visuelles grâce à ces livres…
Imaginez vous déchirez un morceau de papier électronique que vous donnez à quelqu'un, vous posez ce bout de papier sur un autre papier pour pouvoir les faire s'échanger des données, des histoires, des informations… utiliser ces nouveaux papiers comme on peut le faire actuellement avec un Post-it, mais avec l'avantage de son interactivité. Faire des cocottes en papier électronique, le rêve ;-)
une liste de blogs spécialisés dans le papier électronique :
--> http://brunorives.blogspot.com/
--> http://bibliobsession.free.fr/dotclear/
--> http://lafeuille.blogspot.com/
--> http://papierelectronique.blogspot.com/
--> http://www.cluster21.com/
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