Dans ce billet je me propose de parler de l'édition en ligne et de son avenir (si c’est possible). 
Il s’agit de mes notes préparant une conférence sur la presse en ligne qui aura lieu ce 7 avril (organisée par e-artSup).
--> un lien vers le pdf de présentation de cette conférence.

Petites précisions avant de commencer : 

• Ce billet est particulièrement long et le format vertical de ce blog est particulièrement mal adapté à ce genre de texte. Justement ce texte parle de ce problème, donc, faites ce que je dis mais pas ce que je fais;-)
• je ne parlerai pas du fond et de la pertinence des articles des journalistes, je vais me focaliser essentiellement sur les formes et les usages de notre « consommation » de l’information en ce début du XXIe siècle. 
• Je suis abonné à Mediapart et arrêts sur images, et je lis régulièrement le Monde et Libération (en ligne la semaine et dans sa version papier le samedi).
• je trouve que nous vivons une période absolument passionnante avec des milliers de choses à découvrir et à inventer dans ce domaine. 
• j’essaye aussi d’analyser la manière dont je lis depuis ces quatre dernières années.
• Il s’agit d’une série de notes pas encore bien articulées entre elles, ce texte est juste un brouillon permettant de préparer un débat que l’on peut commencer içi.

résumé

Si vous n'avez pas le courage de lire cette longue colonne de texte (pas du tout adaptée à une lecture attentive), en voici un résumé (ou le pitch).
La presse sur papier décline, mais les versions online ne sont absolument pas satisfaisantes pour les lecteurs.
L’avenir de la presse ne serait-il pas sur l’iPhone (ou autre PDA avec un grand écran) mieux adapté à une lecture verticale et fragmentée?

Introduction 

Nous sommes à une période charnière, la presse traditionnelle papier (je parle des Libération, Le Monde, Le Figaro...) est au plus mal financièrement. Depuis environ cinq ans, une mutation inexorable se produit: 
• de moins en moins de lecteurs pour les journaux 
• apparition des gratuits,
• de moins en moins de petites annonces (un des principaux revenus de ces journaux il y a quelques années), 
• de moins en moins de publicité dans les journaux papiers et migration des budgets vers le Online (avec Google devenant le partenaire indispensable et remplaçant presque totalement les régies publicitaires.) 
• des frais d’impression et de distribution toujours fixes 
• pression financière et donc politique (de nombreux « scoop » sortent dorénavant via la presse en ligne beaucoup moins soumise aux pressions financières et politiques, pour le moment en tout cas!) 
• apparition de concurrents sérieux et crédibles en ligne (Rue 89, Bakchich, Mediapart mais aussi des sites francophones Suisse, Belge... )
• concurrence avec les blogs amateurs. 
• une très tardive prise de conscience des journalistes de l’importance d’internet (écoutez un peu le discours de Philippe Val pourtant souvent très pertinent, mais son discours concernant le Net est incroyablement caricatural, Wikipedia, c’est mal, le blog c’est Le mal... on se croirait dans un reportage de TF1 concernant les jeunes et les jeux vidéos). 
• concurrence de la radio et de la télé, toujours en avance techniquement sur l’actualité 
• crise de confiance des lecteurs auprès des journalistes (on nous cache des choses, les journalistes sont les amis des politiques...)
• vieillissement du lectorat et surtout non renouvellement des lecteurs 
• apparition de nouveaux supports de lecture comme les PDA, téléphone ou même le livre électronique (on va y revenir plus tard) 

Voici donc résumé brièvement les nombreux changements que la presse traditionnelle doit prendre en compte.

Disparition de la presse papier?

La presse papier, pour passer ce cap, va devoir donc radicalement changer aussi bien dans son contenu, son approche mais aussi dans sa forme. La presse « papier » telle que nous la connaissons va peut-être disparaître. Attention je ne parle pas des magazines ou des romans, ce genre de littérature va sûrement évoluer avec le temps mais elle va rester sur papier, en effet quoi de plus agréable et utile qu’un livre au format poche dans le train ou le métro? quoi de plus flatteur pour des photos qu’un magazine imprimé sur du beau papier? Tout comme la presse enfantine (les livres pour enfant n'ont jamais été aussi beaux et intelligents qu’actuellement), il va y avoir évolution dans la forme et le contenu mais pas disparition du support papier (exemple de la non disparition du théâtre malgré l'arrivée du cinéma). 
Par contre pour la presse traditionnelle, je ne parierai pas pour son avenir sur papier dans les 10 ans avenir, même si cela peut sembler choquant pour beaucoup de personnes la presse papier me semble condamnée, en tout cas sous sa forme actuelle. 
C'est un peu comme la production automobile actuelle, nos « grands constructeurs » nous font croire que ce n'est pas possible qu’ils disparaissent, que leurs voitures disparaissent... mais si ces voitures ne sont plus adaptées à notre monde, pourquoi ces voitures à quatre roues avec un moteur à explosions roulant à 200 kh devraient elle encore être produites? Si elles ne répondent plus du tout à nos usages et à nos attentes, devons-nous quand même en acheter? Il serait temps de se poser la question pour ces constructeurs (du Monde entier, je n’ai rien personnellement contre Renault ou Citroën;-) de la notion du déplacement dans notre monde. Que veut dire déplacement? que veut dire voyager au XXIe siècle? et essayer de nous proposer des solutions adaptées au lieu de nous obliger à nous déplacer comme au milieu du XXe siècle (avec comme menace implicite: « si vous n’achetez plus nos voitures, il va y avoir beaucoup de chômeurs et ce sera votre faute! »). Les producteurs dans la musique nous font la même chose: « si vous n’achetez plus nos disques, la création artistique est en danger! ». Bon je m'égare, mais l’attitude de la presse papier en France me fait un peu penser à ça: « si vous n'achetez plus nos journaux la démocratie est en danger! », je caricature, bien sûr!.
Il faut surtout se poser des questions comme : l’information en 2009 c’est quoi? de quelle manière les gens lisent? comment accédons-nous à l’information? quel support semble le plus approprié pour la lecture? le grand format des journaux est-il approprié à nos mode de lecture, de déplacement...

Je me propose de regarder devant moi. 

Curieusement la plupart des articles concernant l’évolution de la presse en ligne ou sur papier ne s'intéressent jamais à la forme ni au support se trouvant dans nos mains et devant nos yeux. Nous avons de nombreuses et brillantes analyses financières, sociologiques, politiques, économiques, historiques et même marketing, mais jamais (ou presque) la question de la forme (physique et graphique). Je suis graphiste de formation, je dis donc voir la réalité un peu déformée (toujours essayer de deviner la police de caractère d’un magazine, la grille, la technique d’impression, la qualité du papier, les couleurs, les interlignages, les interlettrages, les césures, le logiciel utilisé, les fautes typos, les capitales accentuées... bref je deviens fou;-). 

Je prends l’exemple du journal Le Monde, la version papier me semble très satisfaisante, j'arrive très rapidement à comprendre l’ensemble de la mise en page, la lecture est fluide, notamment grâce à une grille sur 6 colonnes et aux caractères utilisés. La hiérarchie de l’information est très bonne, je trouve assez facilement l’information que je cherchais, mais aussi et surtout des informations de que je ne cherchais pas mais qui m'ont tout de même intéressé. C'est à mon avis la grande différence avec une version online. Sur le web: on trouve ce que l'on cherche, dans un journal papier on trouve aussi ce que l'on ne cherchait pas. C'est une différence fondamentale pour moi. La lecture régulière d’un journal papier va vous ouvrir vers de nouveaux horizons, au contraire la lecture unique de sites web, va vous spécialiser grandement dans un domaine sans vous ouvrir vers d’autres horizons. 
Si nous comparons avec sa version en ligne (même si Le Monde papier et Lemonde.fr sont en fait deux sociétés différentes), nous pouvons y voir une totale incohérence graphique entre la version papier et la version Online. Honnêtement, si il n'y avait pas le logo Le Monde en haut à gauche de l’écran, nous pourrions confondre avec n'importe quel autre site d’infos en ligne. Comme d’habitude, la version online (pas uniquement celle du Monde, ce discours peut-être appliqué à presque tous les sites en ligne, voir à tous les sites Web en général, ce blog y compris) est catastrophique visuellement et typographiquement parlant. Nous perdons d’un seul coup plus de 2000 ans d’histoire de la typographie et de la lecture. Pour des raisons techniques, mais pas seulement, avec le Web (qui fête ses 20 ans ce mois de mars 2009) nous ne pouvons plus utiliser facilement: 
• le multicolonages (la base même de la lecture d’un journal sur papier), 
• les césures (permettant de rendre beaucoup plus harmonieuses les lignes de textes dans les colonnes) 
• un choix de la police de caractères est limité grossièrement à l’Arial, Courier, Times New Roman, Georgia, Verdana, Comic sans (on ne rit pas;-), il faut aussi remarquer que ces caractères ne sont pas du tout adaptés à une utilisation sur écran (sauf le Georgia, Verdana dans des corps précis) 
• les capitales accentuées, les Œ, les ç, les ligatures, les approches de paires (on pourrait continuer longtemps comme ça)...
Ces « détails » typographiques, ne sont pas à prendre à la légère, nos yeux (et surtout nos cerveaux) sont habitués à lire d’une certaine manière en respectant un grand nombre de conventions typographique. Ne plus respecter ces règles typographiques ne fait que ralentir la lecture et la rend pénible (pour caricaturer nous pourrions dire qu’une bonne typographie c’est celle qui ne se voit pas, tout comme un bon montage au cinéma.). Les règles typographiques ne sont pas là pour « faire joli » ou faire plaisir à quelques typographes grincheux, mais au contraire à faciliter, à hiérarchiser, à fluidifier la lecture afin de mettre en avant le contenu du texte. 
La lecture d’un journal papier est un plaisir, la lecture d’un site web de presse est une obligation. La lecture en ligne est beaucoup plus pénible et fastidieuse, la hiérarchie de l’information est difficilement compréhensible...
Il existe même un outil comme:Readability permettant de rendre l’expérience de la lecture de meilleure qualité sur le web, malheureusement cette technique uniformise graphiquement totalement le contenu, mais c'est une piste intéressante.
Par contre il faut noter un avantage incroyable des sites en ligne : les commentaires des internautes et les discussions que cela peut engendrer très rapidement.

Comparaison du site Le monde sur Iphone et sur le site web classique.



Si nous comparons sa version Web et sa version Iphone, il est incroyable de voir que le nombre d’informations pertinentes pour le lecteur (j’enlève donc la publicité et les barres d’interface du système) est exactement la même (voir l’image au-dessus, même si elle es très malheureusement très réduite). Malgré une surface de visualisation huit fois plus importante, le site du Monde sur le web ne montre pas plus d’informations (même nombre de signes et autant de photos) que sa version iPhone!
écran Iphone: 480/320 = 153 600 pixels
écran PowerBook 1440/900 = 1 296 000 pixels

Un des grands avantages sur le web étant la séparation du contenu et de la forme, il serait donc normal que le site s’adapte à la taille et à la résolution de l’écran de l’utilisateur, mais malheureusement le design du site est fait pour une taille unique d’écran (en général le 800/600 datant de plus de dix ans) au détriment de la majorité des utilisateurs actuels.
Le site de Voyages-SNCF (le plus mauvais exemple de site web au monde à mon avis) est très bien sur iPhone (http://voyages-sncf.mobi/). Il est très intéressant de remarquer que les contraintes techniques très fortes de la visualisation sur un iPhone poussent les concepteurs à être beaucoup plus pertinent et à aller à l’essentiel au grand bénéfice de l’utilisateur.

exemple de la place « perdue » dans un site web comme Le Monde.


Dans cet exemple, il ne reste que 30% de la surface utilisée pour de l’information pertinente (dans le rouge) pour le lecteur. Entre l'interface de l’Operating System, celle du navigateur et la mauvaise gestion de la taille de l’écran nous arrivons à ce constat d’échec.

Confrontation entre logique utilisateur et logique informatique. 

Avez-vous remarqué que tous nos sites d'informations (ce blog y compris) sont tous structurés verticalement en empilant indéfiniment les informations (essentiellement pour des raisons techniques), mais nos écrans sont tous ou presque horizontaux. Il est assez curieux de penser que les sites web sont tous conçus verticalement alors que leurs supports de visualisation sont tous horizontaux (le format 16/10 devenant la norme depuis quelques années pour des raisons de coût de fabrication). 
Nous nous retrouvons bien vingt siècles en arrière à l’époque du Volumen (grand rouleau) et avant l’apparition du Codex (un livre avec des pages reliées permettant le feuilletage).

exemple du site Le Point :

Voici une capture d’écran du site Le Point, ce site pourtant est l’un des mieux fait du moment, utilisation de photos, textes assez court, navigation très simple... ce site marche en fait très bien sur un iPhone (je vous jure que je ne suis pas payé par Apple;-) mais sur mon écran d’ordinateur j'aimerai une mise en page mieux adaptée à ma surface de visualisation horizontale, à mon utilisation de la souris... bref nous sommes encore à la préhistoire de ce que l’on pourrait faire techniquement et graphiquement.


Nous sommes dans une confrontation assez intéressante, pour des raisons techniques il est plus facile de faire un site avec des infos s’empilant verticalement, alors que le lecteur final, lui possède un écran fait pour une lecture horizontale. Il y a donc une fois de plus une opposition entre ce que permet la technique et ce qui est utile pour l’usager, malheureusement pour le moment nous privilégions d'abord les contraintes techniques.

C’est un peu comme le fameux menu « démarrer » de Windows dans lequel on doit cliquer pour éteindre son PC. Il existe une confrontation entre une logique technique (éteindre un PC, c’est avant tout démarrer de nombreuses procédures permettant d’éteindre « proprement » la machine) et une logique d’utilisateur (éteindre son PC, c’est un peu comme éteindre la lumière avec un interrupteur). Pour l’instant Microsoft privilégie une logique technique dans son Operating System, mais je suis sûr que cela va changer très prochainement (Microsoft communique de plus en plus sur le design, les usages, Microsoft parle même de supprimer des fonctionnalités inutiles dans son prochain Word...).

un exemple de ce que l’on pourrait faire avec le site du Point

J’ai pu faire une tentative de réponse ergonomique (ne prenez surtout pas cela pour quelque chose de fini, c'est juste une piste de réflexion), j’ai pris le vrai contenu du site (la home page du Point) et j'ai essayé de la faire rentrer dans mon écran (PowerBook...) sans aucune contrainte technologique (Html, java, Ajax, flash, Silverlight... je m’en moque à ce stade de la réflexion).
Vous pouvez voir cette démo en téléchargeant ce fichier QuickTime (150 Mo avec le son, --> clic droit / enregistrer le lien sous...).
Attention cette vidéo est en taille réelle, donc il vous faut un écran de 1440 pixels de large (75% des lecteurs de ce blog ont une largeur d’écran de 1600 pixels ou plus, désolé pour les autres).



--> exemples des étudiants ayant travaillés sur ce même sujet.
Et aussi un lien vers une controverse concernant ce genre d’exercice.

La forme physique des journaux

L’encre qui tache les mains, le format, le type de papier, le format pliable... sont-ils adaptée à nos usages?

le CD audio

est-il le bon support actuel pour la musique? L’usage que nous avons actuellement de la musique est différent (mobilité, échange, streaming...). Les musiciens ayant des morceaux dans des jeux comme Rock band n’ont jamais été aussi bien payés, il existe donc des solutions financières, mais pour cela il faut changer les offres proposées.
Des sites comme Spotify ou Deezer me semble de bonnes pistes de réflexions.

La radio

De son côté, la radio, avec le Podcast s'adapte et utilise très bien les nouvelles possibilités technologiques, avec pour preuve la politique d’Arte radio, France Inter ou France Culture. En effet ces radios offrent une grande diversité de leurs programmes via les Podcast et le téléchargement libre, cela permet de se replonger dans les archives et surtout de pouvoir écouter ses émissions préférées quand on veut. Un autre exemple, dans un autre genre est celui de la radio Skyrock et ses skyblogs qui se retrouve tout de même le troisième site le plus visité de France d’après Alexa juste après Google mais devant FaceBook (juste pour info le site de la Sncf, ne se trouve qu’à la 50ème place;-).

et la télé?

Mais que fait la La télé ou le cinéma avec la VOD? il existe un nombre incalculable d’offres de VOD, mais toutes différentes, avec des prix différents mais aussi avec des solutions techniques toutes différentes (certaines marche 24h, d’autres 2 h, en streaming, en téléchargement, d’autres juste sur PC?...) bref il est plus facile de pirater un film que de l’acheter en ce moment (en plus vous avez les sous-titres pour les VO). 
par contre il existe des exemples intéressants, comme la chaîne France 24 avec son site pour Iphone ou LCI mettant presque toutes les émissions en Podcast.

des solutions techniques

Il existe aussi de nombreux développeurs proposant des alternatives, des outils, de nouvelles librairies, du code... permettant d'’améliorer grandement la lecture, en vrac quelques exemples: 
www.smashingmagazine.com
nous avons des exemples des possibilités du futur CSS3
le multicolonnage avec Malo et aussi Emastic
Blueprint et aussi 960.gs
le blog de Vladimir Carrer
évolution dans le choix de ses polices (pas pour tout de suite): http://blogs.adobe.com/typblography/
Des précisions sur les polices. eot (système permettant d’encapsuler la police de caractères).
police de caractères et CSS3
pour tester ses typos: typetester.org/
un site concernant la grille: http://www.thegridsystem.org/
et bien sûr Flash (pour l’instant la meilleure alternative concernant la typo sur le web, mais ayant aussi beaucoup d’autres désavantages, surtout techniques) un plugin permettant de faire du multicolonnage.
Une très belle expérimentation sur le site du NewYork Times.

Il faut aussi noter les exemples des polices de caractères dessinées pour l’écran livré avec Flash CS4, comme avec Ceriph, Copy, Header, Hooge...

En parlant de Flash, on ne comprend toujours pas pourquoi Adobe n’utilise pas les algorithmes très performants concernant la typographie d’InDesign à Flash. Il est assez surréaliste de penser qu’une même société n’utilise pas ses propres avantages. Si nous avions les possibilités typographiques d’Indesign intégré à Flash se serait extraordinaire (finesse typo, césure, interlettrage très fin...). Mais une fois de plus nous avons visiblement une confrontation entre deux cultures différentes, l’une technique avec Flash (le Web est avant tout une affaire technique), et l’autre axée sur la lecture et la typo avec InDesign.

(maj) une démo de ce que l’on peut faire avec le Text Layout Framework de Flash 10.

s’affranchir du navigateur web

Pourquoi ne pas faire un « petit » Reader en Air (ou une autre technologie permettant de faire des Widgets installés en local) permettant de lire les flux d’informations d’une manière beaucoup plus ergonomique (bonne police de caractères, taille de l'écran..)? L’idée serait de remplacer le navigateur web (avec toutes ses contraintes techniques) par une application beaucoup plus autonome techniquement et graphiquement.
--> Exemple du Times Reader qui s’adapte à la taille de l’écran et reprend une lecture horizontale (merci Olivier;-)
--> une démo vidéo est visible à cette adresse.
--> une explication plus précise techniquement sur tv.adobe.com/

Usage et temps de la lecture

Concernant la lecture, il faut distinguer différentes choses:
travail ou divertissement
roman ou magazine
lieu de consultation
appareil (device) de consultation

le futur de l'édition électronique ne serait-il pas sur les PDA et l’iPhone?

Aux États-Unis L'iPhone (avec l’Itouch) prend la tète des navigateurs Internet de poche avec 38 %, contre 22 % pour Opera, 18 % pour Nokia, 5,8 % Blackberry, 3.4 %. pour la PSP.

En effet l’iPhone (ayant autant de défauts que de qualités, mais le « copier-coller » arrive tout de même cet été), permet de naviguer presque normalement sur des sites web (il manque un player flash!!!!!!!!!!!). Son écran de 480 sur 320 pixels à 163 dpi permet de lire tout à fait convenablement verticalement, et l’usage intelligent de l'écran tactile (la rotation et zoom, mais aussi et surtout le fait de s'adapter dynamiquement à la taille des colonnes sur un site web) permet une expérience de navigation tout à fait satisfaisante pour ce genre d’objet. Il est à noter que de nombreux sites d'informations on crée très rapidement une version Iphone de leur site (Libération et le Monde étant dans les premiers à le faire), preuve du succès de ce téléphone, et sans oublier que les possesseurs d’Iphone sont aussi des cibles privilégiées (CSP ++) pour les annonceurs.
Les PDA (car il n’y a pas que l’iPhone dans la vie, il y a par exemple le Nokia N810 avec son écran 800 x 480 pixels à plus de 250 dpi) avec leurs écrans verticaux ont un grand avantage pour la lecture de site construit verticalement.
voir l’exemple du site du Monde cité précédemment.

Si nous comparons la taille d’un Iphone, il correspond exactement à la largeur d’une colonne du journal Le Monde version Papier (avec ses six colonnes par page).

allez sur un site d’informations est rarement un plaisir

Dans ces sites web, on utilise une grammaire interactive très primaire, on autorise juste le clique, pas de roll over, pas de détections du mouvement de la souris, pas de clique long, pas de drag’n drop...
Sur le web nous donc perdons toutes notions de plaisir de lecture, allez sur un site d’informations est rarement un plaisir, nous y allons d’une façon presque obligatoire mais pas par hasard (contrairement à un magazine papier, ou l’on peut tomber par hasard et avec plaisir sur des photos, un article intéressant...). Actuellement les concepteurs de site d’informations privilégient largement l’aspect technique au détriment du plaisir du lecteur. Alors que lire sur un Iphone, passer de page en page juste par effleurement de l’écran, zoomer sur un texte juste par pression sur l’écran.. apportent une sensation de fluidité inégalée et permet une navigation agréable entre les différents articles. Malgré son écran 10 fois plus petit, l’iPhone permet actuellement une lecture plus agréable que sur un écran d’ordinateur classique.

Il faut aussi noter l’apparition de logiciels sur iPhone comme Stanza (utilisant les césures, miracle!), Ichm, Ereader ou le Kindle (le format ebook d’Amazon, qui vient de comprendre que le futur de l’eBook est l’iPhone), mais cette application n’est pas disponible sur le Store Français! Nous avons aussi des solutions sur Mac ou PC comme avec Adobe digitaleditions) qui permet de lire des livres au format eBook (avec de nombreux formats différents comme les. lit,. pcr,. epub,. chm...), avec lesquels la lecture commence à devenir presque agréable sur un écran....
Il faut aussi notre que sur des sites comme www.feedbooks.com (consacré aux contenus téléchargeables pour eBook) la moitié des « livres » téléchargés, le sont au format Iphone (ce qui me rassure, je ne suis pas le seul à lire sur mon Iphone;-).

Web versus téléphone au Japon

Le web classique n’est pas très important au Japon, car les Japonais préférèrent consulter les sites sur téléphone portable. Si vous demandez une adresse ou un horaire de train à un Japonais, il ne va pas consulter son ordinateur, mais son téléphone. Le web et la téléphonie mobile sont arrivés presque en même temps au Japon (et en Corée), les mêmes services se sont retrouvés en même temps sur les téléphones et le web, et d’une manière très logique les Japonais se sont tourné vers l’outil le plus pratique (le téléphone) malgré la pauvreté des écrans de visualisation. Il arrive souvent que cela ne soit pas la meilleure technologie qui gagne (VHS/Betamax, LaserDisc/DVD, la GameBoy/PC Engine GT... ), mais souvent la plus simple, la plus pratique ou la moins chère.

le livre électronique

Concernant les lecteurs d’Ebook, qui va acheter un lecteur à plus de 300 euros?
(le Kindle d’amazon ou le Reader eBook de Sony sont autour de 300 euros) alors qu’un Iphone permet de faire la même chose et il tient dans votre poche (+ il peut faire téléphone, navigateur web, Ipod, console de jeux...).
Vous, qui vous promenez avec votre Ipod, votre téléphone, votre PC portable, votre appareil photo numérique... pensez-vous encore rajouter un objet dans votre sac avec ses câbles, sa housse, son transfo
Je pense que l’encre électronique va se retrouver sur de nombreux écrans (souvent en extérieur et pour des usages professionnels, un Tablet PC avec un écran utilisant une encre électronique, téléphone basse consommation...) mais que l’objet eBook n’a aucun avenir (surtout à ce prix), son usage est trop proche d’un PDA, d’un ordinateur portable, ou même d’un livre en papier. Et il n’offre pas assez d’avantages pour se différencier totalement de ses autres objets concurrents. De plus l’argument de pouvoir stoker sur son eBook énormément de livres en local est totalement obsolète, car nous allons être dans un Monde en permanence connecté ou nous pourrons accéder à n’importe quel instant à nos donnés en ligne. Essayez par exemple sur votre Iphone le soft Simplify media, cela permet d’accéder à votre librairie Itune à distance, dans autre genre Spotify permet d’écouter de la musique en streaming très facilement. Le stockage n’est dorénavant plus un problème.

Concernant la lecture de magazines en ligne je passe très rapidement sur les sites comme Zinio permettant de visualiser les .pdf des magazines papiers. Je trouve totalement sans intérêt (sauf pour de l’archivage) la lecture sur écran d’une maquette faite pour le support papier.

conclusion

J’en arrive donc à la conclusion (très très provisoire) que l’avenir de la presse à court terme (5 ans environ, même si 5 ans semble une éternité dans notre Monde actuel), va se passer sur nos PDA, Iphone et autres téléphones à larges écrans.
Les journaux (pas les magazines) vont devoir absolument passer au Online et même passer sous un format propre aux écrans des téléphones. Cela va donc changer totalement notre manière de « consommer » l’information, changer la manière d’écrire, de lire, de naviguer...
La semaine je consulte (je n'ai pas dis : « je lis ») des blogs et de sites en lignes car je n'ai pas trop le temps de me poser, mais le weekend je lis des magazines papier. Il serait donc envisageable (pour mon usage en tout cas) de faire un numéro papier de très haute qualité (contenu et contenant) chaque semaine, faisant un résumé de la semaine, avec des photos, des illustrations, des réflexions, des articles de fond, des dossiers, des retours sur les commentaires des internautes...
On garde la version en ligne gratuite, pour le flux d'informations (sans presque aucune hiérarchie) et permettant de réagir avec un système de commentaires très réactifs, et au contraire chaque semaine une version papier beaucoup plus fouillée et payante sur abonnement, avec une hiérarchisation de l'information très forte, avec un point de vue éditorial... Économiquement (et je ne suis vraiment pas un spécialiste) on peut penser que les gens ne sont pas prêts à payer pour l’info en ligne (un peu comme la musique), par contre payer chaque semaine pour avoir un « beau » magazine papier que l’on gardera, je suis sûr que cela est envisageable. Nous pourrions donc imaginer, un système fournissant du contenu tous les jours sur un support Iphone (ou autre) gratuitement, mais payant chaque semaine pour sa formule papier.

quelques liens:

--> http://lafeuille.homo-numericus.net
--> http://www.issue-magazine.net/
--> pour une écologie informationnelle
--> le blog concernant les évolutions du site du NewYork Times, à ma connaissance le meilleur exemple concernant la presse en ligne.
--> et encore un grand merci monsieur à André Behrens le designer, développeur, créateur du New York Times Article Skimmer (je vous conseille d’aller dans les settings pour vous amuser)..

ps : j’ai commencé à écrire ce texte dans un café avec ces trois personnes devant moi, avec pour chacune un mode de lecture différent (livre, ordinateur, téléphone).