mardi 15 septembre 2009
Mobilisation contre les appels d’offres demandant un projet sans indemnité et autres joyeusetés
Par Étienne, mardi 15 septembre 2009 :: Général
Je me fais l’écho de Pascal Béjean, qui a envoyé ce mail ci-dessous concernant des pratiques d’un autre âge : les appels d’offres non rémunérés.
Ce genre de pratique est désastreux pour la profession, mais il existe aussi d’autres pratiques très en vogues en ce moment, celle de ne franchement pas payer le travail fourni après six mois de travail par exemple, je vous raconterai très bientôt une « jolie » histoire concernant ce sujet...
Donc en règle général et dans le meilleur des mondes :
1 Accepter de présenter son dossier mais ne pas accepter les concours et appels d’offres non rémunérés.
2 Déposer via une enveloppe Soleau les propositions graphiques que vous allez présenter lors du concours (cela va faire preuve d’antériorité).
3 Une fois l’appel d’offre gagné, faire faire un bon de commande signé par le client, avec un échéancier très précis permettant de valider les différentes étapes de travail et donc du paiement.
4 Ne pas commencer le travail avant le paiement de 30% du prix global de votre prestation.
Il faut bien-sûr nuancer, car personnellement je ne vais pas demander cela à un ami avec qui je travaille depuis dix ans (la confiance ça existe aussi ;-), mais en règle général avec des gens que vous ne connaissez pas et sur un gros projet, mieux vaut être prudent et cela va aussi démontrer votre professionnalisme à votre interlocuteur (il est assez navrant de constater que pour être parfois respecté il faille faire le méchant).
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Voici le texte de Pascal :
Nous suggérons de créer une chaîne d'information et de réaction.
Information, car, individuellement,
il est difficile d'être informé de tous ces marchés indélicats.
Réaction, car si un commanditaire reçoit 10, 20 ou 50 lettres (ou e-mails) de refus,
il comprendra qu'il a affaire à une profession mobilisée,
et pourrait éventuellement rédiger un nouvel appel d'offre
ou agira différemment la fois suivante.
Nous avons récemment réussi à faire modifier les modalités d'une compétition.
Cela semble naïf, mais rien ne bougera si nous en réagissons pas.
À chaque appel d'offre non conforme dont vous (et nous) prendriez connaissance,
nous proposons d'envoyer aux graphistes mobilisés par cette chaîne d'information
l'appel d'offre complet, accompagné d'une lettre de réponse pré-remplie.
Cela facilitera la démarche de chacun, qui n'aura qu'à prendre connaissance du dossier,
mettre son nom en tête de lettre et l'envoyer par courrier ou par e-mail,
accompagné de la fiche AFD mentionnée dans le courrier.
Attention, c'est une lettre-type issue de l'AFD.
Vous êtes invités à la modifier si bon vous semble.
Nous sommes partisans du courrier papier, car la signature manuscrite lui donne du poids.
Un e-mail arrive directement au destinataire qui peut vouloir "étouffer" l'histoire,
alors que 20 ou 30 lettres ouvertes par un assistant passeront moins discrètement
et feront les conversations des machines à café. Sans vouloir commencer à l'école,
n'oublions pas que les assistants d'aujourd'hui sont les responsables de demain.
La finalité de cette démarche est d'obtenir
des appels d'offre avec sélection sur dossier
d'un nombre restreint d'équipes
qui travailleraient ensuite contre indemnité.
Nous savons que l'économie d'un projet graphique ne permet pas toujours d'avoir de grandes indemnités.
Nous pensons alors que si le projet n'a pas les moyens d'une compétition avec indemnité,
le commanditaire doit choisir sur dossier, ou limiter sa présélection à 2 équipes.
Il est trop facile d'organiser une compétition (car dans ces conditions, c'en est une)
où ils pourront choisir parmi 30, 50 ou 100 projets sans dépenser un centime.
Imaginez l'énergie, l'intelligence et l'argent dépensés par les candidats
pour un commanditaire qui ne reconnaît pas la valeur de ce travail.
Quel gaspillage et quel mépris (même s'il est "inconscient")!
L'AFD a écrit sur le sujet http://www.alliance-francaise-des-designers.org/les-marches-publics.html
et propose une lettre type pour répondre à ce type d'appel d'offre.
L'AGI a également rédigé un document à destination des designers et des commanditaires (pdf joint).
Ces textes peuvent être discutés, mais ils ont le mérite d'exister.
Proposition d'intervention : information et réaction
1 - Information
Vous avez connaissance d'un appel d'offre que vous jugez non conforme.
Après vérification et éventuel échange avec le commanditaire,
1 Réunissez toutes les pièces de l'appel d'offre
2 Complétez le courrier type de l'AFD
avec les informations de l'appel d'offre
(intitulé, numéro de dossier, etc.)
3 Envoyez-nous le tout à appelsdoffres@pbnl.fr
avec votre commentaire (voir notre exemple ci-dessous)
4 Nous le diffusons à la liste
2 - Réaction
Vous recevez un mail émanant de notre chaîne
1 Prenez connaissance du dossier
2 Jugez de sa non-conformité.
(Si, après un éventuel échange avec le commanditaire,
l'appel d'offre vous semble conforme ou ils vont le modifier,
vous nous le faites savoir.)
3 Complétez la lettre pré remplie (vous pouvez la modifier), datez et signez
et envoyez-la au commanditaire accompagnée de la fiche AFD mentionnée dans le courrier.
Même si la date de rendu des dossiers est dépassée, il est important de répondre et faire connaître votre position.
Nous vous proposons de centraliser les contacts.
Diffusez ce mail le plus largement possible
et encouragez vos amis graphistes à nous envoyer leurs coordonnées directement.
Cela évitera de polluer vos boites du même mail par différentes sources.
Et si vous ne voulez pas recevoir ces mails, envoyez-nous paître...
Bien sûr, ce projet est ouvert à débat.
Ne laissez pas ce mail sans réponse,
vous pouvez également argumenter en sa défaveur.
Si vous diffusez le message,
nous sommes prêts à centraliser toutes les réactions.
Si vous trouvez ce texte trop confus,
n'hésitez pas à nous communiquer vos suggestions,
nous l'améliorerons au fur et à mesure.
Deux premiers cas.
Nous commencons par un appel d'offre pour la création d'un site web pour un espace multimédia.
Le sujet est passionnant, mais il est demandé un projet sans prévoir d'indemnité.
CENTRE MULTIMEDIA GANTNER / RENDU LE 14 SEPTEMBRE 2009
Voir Règlement de la consultation (RC_creation_site_web) > page 5 > article 4.1 > Pièces de l'offre
Lot 2 : Présentation des références ET proposition d'une identité visuelle.
Je n'ai trouvé aucune information sur une éventuelle indemnité pour le projet. Après vérification, aucune indemnité n'est prévue.
Interrogée par téléphone, la personne responsable a dit s'être renseigné autour d'elle pour rédiger son texte,
qu'elle n'était pas informée qu'il fallait une indemnité, et qu'il était trop tard pour le refaire (elle partait en congés 2 jours plus tard).
Je lui ai servi l'analogie du boucher : si elle veut faire un grand dîner,
elle ne fait pas le tour des bouchers de la ville en demandant une pièce de viande gratuite à chacun
avant de choisir son fournisseur. Elle était d'accord, mais...
Je lui ai envoyé le document de l'AGI, mais elle ne m'a jamais répondu.
Nous pourrions également parler du concours pour le logo de Marseille-Provence 2013.
Le cas est légèrement différent.
MARSEILLE-PROVENCE 2013 / RENDU LE 15 SEPTEMBRE 2009
Voir Reglement-concours > Page 1 > Art.2 > 3. Une note d’intention présentant concept, orientations,
approche d’un logo et d’une charte pour le projet de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture.
Une note d'intention peut revêtir moultes formes.
Si c'est un texte général du designer sur son approche des identités visuelles, ça peut se concevoir,
mais pour un jury lambda, cela reste très abstrait, et face à d'autres réponses moins généralistes, ce texte n'a aucune chance.
Si c'est un texte directement adapté à la problématique de MP2013, c'est déjà du travail de réflexion et de rédaction.
Dans le cas qui nous intéresse, vous verrez dans l'art.1 que le concours "est ouvert de façon très large aux professionnels suivants :
artistes, plasticiens, photographes, designers, graphistes, illustrateurs, typographes, agences de communication,
en individuel ou en collectif, etc." Imaginez que toutes ces catégories de créatifs, absolument pas sensibles à la problématique
qui nous envoie vers vous aujourd'hui, ne vont bien sûr pas se contenter d'une note d'intention et enverront des dessins ou des images.
Même si le jury de présélection est sensible à notre souci, il est précisé à la fin de l'article 2 que "Tout dossier incomplet ne sera pas étudié et sera rejeté."
Qui jugera, avant de les soumettre au jury, quel dossier est complet s'il ne contient qu'une note d'intention généraliste sans image ou figurera le titre "Marseille-Provence 2013"?
En ce qui nous concerne, nous tenons à accorder notre confiance au jury de présélection
et avons décidé d'envoyer notre dossier en expliquant l'absence de note d'intention, conscients que nous allons au casse-pipe.
Il serait intéressant qu'une bonne portion des réponses aille dans ce sens, ce qui mettrait le doigt sur la faille de leur règlement.
Attention, pour répondre, il faut se pré-inscrire sur leur site
http://www.marseille-provence2013.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=443&Itemid=506&mosmsg=Publication+sauvegard%E9e+avec+succ%E8s.