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dimanche 19 octobre 2008

le disque Blu-ray, le dernier support physique de l’histoire

J’ai depuis peu une Playstation 3 + un écran HD chez moi. Je découvre donc les joies de vivre dans le luxe en haute définition;-)

Le Blu-Ray est un format de disque permettant de lire des films en haute définition (1920/1080 pixels). Il est censé remplacer nos bons vieux DVD après s’être imposé face au HD-DVD, un standard qui était soutenu par Toshiba et Microsoft (Sony tient donc enfin sa revanche après son échec dans les années quatre-vingt du Betamax face au VHS de JVC). Pourtant ce nouveau format, ne semble pas décoller dans ses ventes, pour cela différentes raisons (je ne parlerais pas de la qualité des films proposés):

• Vous devez acheter une nouvelle platine lecteur de DVD/Blu-Ray compatible. En effet votre ancien lecteur de DVD ne sait pas lire ce nouveau format, même si les apparences sont trompeuses car un Blu-ray et un DVD se ressemblent beaucoup à l’œil nu.

• L’avantage de ce nouveau support n’est pas très simple à comprendre pour le grand public. Les différents acronymes entourant ces nouveaux formats sont totalement ridicules et incompréhensibles : HD, Full HD, HD ready, HD 1080p, HD 720, HD-DVD, Blu-Ray, HDMI... et j’en passe. Les constructeurs n’ayant pu s’entendre sur une terminologie et un standard commun, ils ont juste réussi à embrouiller tout le monde.
Une petite farandole de joyeux logos totalement incompréhensibles pour le public (je vous passe les 100 Hz et les logos concernant la partie audio).


• Une fois votre Blu-Ray relié à votre écran Full HD 1080p grâce à un câble HDMI version 1.3 (je n’invente rien!) vous allez enfin pouvoir profiter de la qualité optimale pour votre Die Hard 4. Très bon piqué de l’image, très belle couleur... mais cela reste tout de même Die Hard 4 ;-). Le gros problème pour ce format, c’est que la majorité du public ne voit pas la différence de qualité entre un DVD et un Blu-Ray (j’ai pu tester par moi-même). En effet, les algorithmes de mise à l’échelle du DVD vers la définition du HD (en simplifiant nous passons d’une source à 720/576 pixels agrandi sur une surface de 1920/1080 pixels) sont si performant sur les platines Blu-Ray (la Playstation3 par exemple) que parfois on peut avoir un doute sur l’origine de la source (c’est un DVD ou un Blu-Ray dans le lecteur?). Si la différence de qualité n’est pas si flagrante (alors que le nombre de pixels est passé de quatre cent mille à plus de deux millions), pourquoi acheter un Blu-ray plus cher?

• Un autre problème essentiel, la pauvreté du Packaging des Blu-ray que l’on trouve dans le commerce. Regardez ces quelques photos de ma collection personnelle (pas de commentaires sur mes gouts cinématographiques;-).

Vous achetez par exemple le film Blade Runner (que vous aviez déjà en VHS, Laser disc, DVD, DVD collector, final Cut, director's cut...;-) et vous vous retrouvez avec un pauvre boîtier en plastique très cheap, vous ouvrez le boîtier, aucun livret, même pas une pub glissée dans le boîtier ;-), le tout pour dix euros de plus que si vous l’aviez acheté en DVD.
Les éditeurs de Blu-ray n’ont toujours pas compris qu’en face ils ont la VOD (Video On Demand) et surtout le piratage.
Pour info, si vous faîte une recherche sur le terme Warlords blu ray (un film dont je vais vous parler par la suite) sur Google, la première réponse est : «Search torrent : The Warlords 2007 720p BluRay DTS X264 ESiR Torrent», sans commentaires! Il est donc plus facile de pirater ce film (The Warlords) que de l’obtenir légalement (et je ne parle même pas des problèmes de zonage, de DRM...).
Les éditeurs devraient absolument privilégier le haut de gamme (packaging, livret, documentaire, collections, commentaires inédits, photos...) pour les Blu-ray, alors qu'au contraire ils considèrent l’objet physique (le boîtier et le disque) comme quelque chose de négligeable. Nous arrivons donc à avoir un boîtier totalement banal (voir franchement moche), qui va plutôt nous encombrer, alors que le même film téléchargé sera plus facile à lire (pas besoin d’avoir de platine Blu-ray), moins encombrant (pas de papier et de plastique) et moins fragile (pas de rayures). Attention je n’encourage pas le piratage (plutôt la VOD), mais je fais juste remarquer qu’il s’agit d’une réalité qu'il ne faut pas négliger, tout comme on a pu le faire les majors dans le domaine musical, en ne préconisant que la répression au lieu de se poser les véritables questions sur l’évolution du support de diffusion.
Si je dépense 30 euros dans un objet que je peux avoir gratuitement (même si ce n'est pas légal) dans le même temps, il faut absolument que l’amateur ayant acheté son Blu-ray possède quelque chose de différent et de conséquent par rapport au fichier informatique téléchargé.
Dans le domaine musical, quelques expériences intéressantes (mais presque toujours en conflit avec la maison de disque de ces artistes) ont eu lieu, comme avec Saul Williams, Nine Inch Nails ou même RadioHead mettant en libre téléchargement des albums, l’internaute pouvant aussi faire le choix de payer une petite somme afin d’obtenir une version encodée de meilleure qualité + un pdf ...
--> concernant le succès de l’album en ligne de RadioHead, un lien vers Numerama.

Ces groupes continuent de faire des albums distribués de manière classique, mais en choisissant la qualité (et la quantité) dans les versions « physiques » de leurs albums (édition « collector », double CD, livret luxueux...).
Les éditeurs vidéos n’ont visiblement tirés aucune leçon du monde de la musique.
Il faut absolument améliorer l’objet physique face à une concurrence virtuelle si on ne veux pas voir l’objet disparaitre. On retrouve ce problème dans la musique, le cinéma mais aussi dans la presse généraliste, où les journaux « classiques » papiers n’arrivent toujours pas à trouver leur place et leurs formes face aux journaux en ligne et aux blogs (la seule réponse actuelle semble être les gratuits, entièrement financés par la publicité:-(((.

• Cerise sur le gâteau, le zonage. On croyait en avoir fini, et bien non, les éditeurs reviennent à la charge avec le zonage de leurs produits. Mais cette fois-ci d’une manière très discrète (des petits A, B ou C qui ne correspondent même pas aux zones des DVD), ce n’est plus marqué en grand sur le boitier, c’est un peu au hasard pour l’acheteur. Par exemple, j’ai acheté en France le Blu-ray, The Warlords de Peter Chan Ho-Sun, et bien une fois dans votre Playstation 3 européenne, ça ne marche pas, la zone ne correspond pas! Au contraire, d’autres films asiatiques comme Mad Detective (chef-d’œuvre de Johnnie To) ou le dernier John Woo, Red Cliff (loin du chef-d’œuvre cette fois) marchent parfaitement bien. Cela ne favorise pas du tout la vente.
--> un site très bien concernant les blu-Ray asiatiques : www.asianblurayguide.com

• (maj) les vidéos d’introduction des Blu-ray, tout comme avec les DVD, sont constituées de menaces (FBI Warning...) et de publicités non zappables qui font toujours plaisir quand vous avez acheté le disque légalement. Sur le Web, par exemple, il existe de nombreux système qui vous enlève la publicité dès que vous payez un abonnement, mais visiblement pour les éditeurs vidéos, si vous payez vous allez continuer à voir de la pub encore et encore... Encore un avantage au fichier téléchargé.

• et pour finir, un peu de technique.
On nous raconte qu’un Blu-ray contient plus de 40 Go de données, très bien et alors?
Avec le progrès des algorithmes de compression on arrive actuellement à faire rentrer un film de 1h30 en full HD (1920/1080 avec une compression en H264 avec une qualité moyenne) dans moins de 8 Go (on arrive à 12 Go en haute qualité). La capacité d’un DVD aurait donc suffi, chaque face d’un DVD classique pouvant contenir presque 9 Go de données, on arrive donc avec un DVD-18 à 17 Go avec une double face/double couche.

Conclusion
Voilà pourquoi, le support Blu-ray n’aura qu’un succès très mitigé (si rien ne change) et sera aussi certainement le dernier format physique de stockage grand public (après le vinyle, la cassette, le laser disc, le CD, le DVD...), la prochaine génération (le super-super HD full full...) sera uniquement distribuée via le réseau. Chacun téléchargera et louera à la demande le film ou la musique de son choix, sans tenir compte d’un support physique quel qu'il soit. Nous pourrons dire au revoir aux beaux packaging et aux très belles pochettes de disque de Peter Saville, mais on trouvera surement autre chose ;-)

ps : ce constat est aussi valable pour les jeux vidéos, nous allons avoir de plus en plus de service nous permettant de télécharger à la demande des jeux. Mais tout comme pour la musique, la vidéo et les jeux, d’énormes enjeux concernant la distribution se mettent en place. En effet, soudain avec le téléchargement, de nouveaux acteurs (comme Apple, Nokia et pourquoi pas Orange pour la musique, Metaboli, Sony ou Steam pour les jeux) vont affronter les anciens distributeurs historiques (la Fnac et ses amis) et surtout empiéter sur leurs confortables marges. De très grandes batailles s’annoncent pour le contrôle de la distribution en ligne.
Juste pour info, il faut savoir que monsieur Denis Olivennes qui est à l’origine de la loi Hadopi fut le PDG de la Fnac entre 2003 et 2008 (vous pouvez imaginer les conflits d’intérêts!).

subprimes, c’est très simple...

Je ne parle pas de politique dans ce blog, mais cette fois je ne peux pas m’en empêcher en remarquant qu’une des vidéos les plus consultées actuellement sur Dailymotion est celle là :