Au mois de juin lors des jurys de fin d’année, j’ai pu voir de très nombreux travaux de fin d’étude d’étudiants. Dans l’ordre, les travaux des étudiants de Montréal, puis des Beaux Arts de Saint-Étienne, puis de l’école Estienne à Paris et pour finir la semaine dernière ceux des étudiants des Gobelins.
Premièrement je remercie les étudiants et leurs professeurs pour la qualité des travaux. Sans langue de bois, je fus très impressionné par l’intelligence, la variété et la qualité des différents projets que j’ai pu voir. D’ailleurs, je me pose la question de ce que vont devenir ces étudiants, car la comparaison entre ce que l’on trouve généralement dans « la rue » (affiche, magazine, site web…) et la qualité des travaux des étudiants est éloquente. En effet, la qualité des travaux des étudiants est largement supérieure à ce que l’on trouve dans la vie professionnelle. Je sais bien que les contraintes professionnelles ne sont pas du tout les mêmes que lors d’un projet de fin d’études, mais tout de même cela fait un choc de voir une si grande différence.
Une autre remarque, c’est le peu d’étudiant se lançant dans une aventure « interactive » ou même travaillant sur le support écran (vidéo, cinéma, écran de téléphone portable, écran informatique, table interactive…), à part ceux des Gobelins, dont c’est la spécialité bien sûr. La très grande majorité des étudiants travaille toujours sur et pour le support papier (à ma grande joie!). Par contre, dans la vie professionnelle, il me semble beaucoup plus difficile de trouver rapidement du travail dans le monde du graphisme « papier » que dans le monde du design lié aux nouvelles technologies (du Web en passant par la téléphonie).
J’ai aussi la grande chance de faire partie du jury de l’école des Gobelins en moyenne tous les deux ans. Cette section intitulée; concepteur réalisateur multimédia, à la particularité de mélanger des étudiants issus d’école d’art avec des étudiants ayant formation d’ingénieur. L’évolution des sujets des travaux présentés par les étudiants est très significative. Il y a trois ou quatre ans, nous étions dans l’élaboration de site Web « classique », puis il y deux ans, nous voyions l’apparition de site web collaboratif et cette année sur les quatre projets présentés, trois étaient des objets tangibles et interactifs (table interactive, installation, tablette tactile…). C’est assez intéressant de voir cette évolution et ce retour aux objets réels. La qualité des projets et leurs présentations furent particulièrement brillantes (si ma mémoire est bonne deux des projets ont obtenu des notes dépassant largement 17 ou 19 sur 20 à l’unanimité), de plus ces jeunes étudiants possèdent une très bonne analyse de l’évolution actuelle du design lié aux nouvelles technologies. Cela montre aussi le manque d’intérêt croissant des jeunes concepteurs (designers, graphistes, développeurs…) pour le Web « classique » qui devient de plus en plus standardisé. Ils se lancent donc naturellement vers de nouveaux territoires plein de promesse et encore (un peu) vierge.
Ces photos, sont les dossiers des étudiants que vous recevez en moyenne, un mois avant un jury. Ces dossiers présentent la problématique de chacun des étudiants ainsi que ses propres références. Ainsi, au moment du jury, vous arrivez à connaître un tout petit peu mieux l’étudiant en face de vous (les présentations dépassant rarement quarante-cinq minutes, il est très dur de juger en si peu de temps).
et aussi spécial « coup de pouce » à certains des étudiants que j’ai pu croiser à Rennes cette année :
Caroline Fabès,
Joël Schillio,
Élise Gay + Kevin Donnot
et mademoiselle âge bête.
et comme je suis dans les écoles d’arts, un lien vers quelque chose d'assez triste concernant la fermeture programmée de l’École Supérieure d’Art de Rueil-Malmaison